5 septembre 2007

La guerre des tranchées

Ouais, on en est la. Verdun, genre. En moins tragique rapport aux pertes humaines mais en tout aussi dramatique rapport à l’état du terrain et de la commandante en chef (=Myself). Alors, que je vous espike en commençant par le commencement…
Episode 1, première tranchée
Vous vous rappelez que super Manu à son heure de gloire avait creusé à grand renfort de tractopelle une jolie tranchée sur le devant de la maison (derrière ? enfin ça dépend de comment on la regarde, quoi) pour y passer le Rrô tuyau qui conduit le caca vers la liberté (= le tout-à-l’égout). Joli travail, vite fait vite bouclé, tout raccordé, tranchée refermée le lendemain, fin heureuse de l’épisode 1.
Episode 2, deuxième tranchée
Le Manu et la dream team à la grande époque avait remis ça et réglé son compte à l’arrière de la maison (ou l’avant, donc suivant ce que vous aviez choisi comme option à l’épisode 1, allez, on se concentre) pour y faire passer une jolie gaine où un jour (mais lequel ?) le monsieur de GDF et sa flopée de Rrô cayions et autres tractopelles devait nous amener le gaz de ville (ouais, même à la campagne on dit gaz de ville). Même scénario que pour la tranchée number one : ouverte-fermée quasi dans la journée, malgré ou grâce à (on voit ça comme on veut à l’intervention éclair de Franky les bons tuyaux qui avait fourni et « posé » (jeté au fond du trou, quoi) la gaine magique mais vide pour l’instant. Epilogue heureux again de l’épisode 2.
Episode 3, la tranchée maudite
Quelques jours plus tard (heures, minutes, secondes ?) alors que le Franky se reposait sur ses lauriers et remontait à une vitesse fulgurante dans mon estime, inspection du chantier par Myself in personne et là, oh, stupeur : « Frank, c’est normal qu’il y ait qu’un seul tuyau dans la tranchée ? Je croyais qu’on y faisait passer le gaz ET l’arrivée d’eau… ça passe dans la même gaine alors ? » Ah, ben non. Bizarre comme personne a pensé que ouais youpi le caca pouvait théoriquement partir à la mer via le tout-à-l’égout derrière la maison (ou devant, oh, ça va bien), sauf que nan paske yavait pas de Rrô tuyau pour apporter de l’eau dans la chasse d’eau. Ben nan. Dommage. Ben ouais. Dommage surtout pour le pauvre jeune qui croyait faire un stage de plomberie et s’est retrouvé aux travaux forcés ambiance bagne de Cayenne à creuser à la main sous la pluie en 3 jours un Rrô Rrou que la tractopelle lui avait ouverte en 30 minutes une semaine avant. Dommage. Comme quoi l’orientation des jeunes dans la branche professionnelle tient à peu de choses et la pénurie d’ouvriers du bâtiment risquent pas de s’arranger si on s’applique à les dégoûter tous à coups de bêche. ‘Fin bref. Fin douloureuse et amère de l’épisode 3, tranchée ouverte en 3 jours, rebouchée en 2, gaine gaz et tuyau arrivée d’eau en place.
Episode 4, ya de l’eau dans le gaz
Sur le côté de la maison, cette fois, l’artillerie ET la cavalerie ont déboulé en force et de bonne heure pour attaquer la tranchée 4, celle du gaz de ville de campagne. Pas une mince affaire non plus vu qu’on s’est comme qui dirait payé en valeur or le poids de la conduite en fonte (c’est-à-dire cher) depuis el bout de la rue jusqu’à notre porte vu que les vieux paysans réfractaires au progrès refusaient depuis des années d’être raccordés au gaz de ville « nan, nan, le fioul c’est vachement plus mieux ». Donc cotisation de nous et du seul voisin jeune des alentours, OK ça douille mais moins cher que le Butagaz en bonbonnes, donc on finance les travaux. On avait même réussi grâce au squat téléphonique des bureaux de GDF à avoir une date précise qui soit pas en 2024 « mise en gaz avant le 13 septembre 2007 » ils avaient dit. Avant-hier, déboulé d’une dizaine de camions, tractopelles et autres engins chimériques surpuissants (je vous dis même pas l’état d’excitation du Kiwi qui les voyait de la fenêtre de sa chambre, plus que on fire, over the moon il était le gamin). Attaque frontale de la chaussée et vas-y que je coupe, que je creuse, que j’extrais, que je défonce, que j’empile, que j’entasse, que je charrie des gravats, que j’enfonce des gaines dans les trous et que je te rebouche tout ça dans la foulée pour éviter les suicides accidentels de vieilles en expédition boulangerie ou de vieux en mission pipi du caniche. 12 heures de boulot non stop à grand renfort de gasoil, 5 mètres de tuyau posé seulement… C’était pas gagné, pas du tout-cuit « c’est que des tuyaux, des conduits, des réseaux là-dessous, me dit le gars, on perd du temps à éviter de tout péter. Heureusement qu’on a tous les plans. » Sauf que ya pas tout de marqué sur les plans. Hier midi retour on fire du Kiwi de son premier matin d’école (mais ça c’est une autre histoire quoi que trop drôle, faudra que je vous raconte ça un de ces quatre), pause pipi avant la sieste et hurlement d’effroi « Mummmmyyyyyy ! A pu l’eau au rrrobinééééé ! ». Comment ça ? « Ah ben ouais, me confirme le Manu qui était mystérieusement revenu sur le chantier, je voulais justement faire de mortier et ya pu d’eau ». Réunion de crise avec les forces en présence, gazoman m’avoue qu’il a malencontreusement arraché avec sa gigantesque tractopelle un chti tuyau en plomb tout mou qui apparemment alimentait ma maison en flotte. Qui n’était pas sur le plan. Paske normalement vous vous êtes alimentés de l’autre côté sur le plan. Sauf que pas. Donc chômage technique de gazoman, toutes tractopelles en berne, on attend l’expert du syndicat des eaux qui raboule des heures après pour dire que ah ben ouais le tuyau est arraché donc ya pu d’eau. Sans rire ! Et donc ? « Donc on vous reconnecte, enfin on essaye paske là c’est tout pété ». Ben ya intérêt que vous me re-raccordez, et plus vite que ça paske que dans 10 minutes j’ai l’heure des mamans suivie du retour maison du Kiwi on fire qui va forcément avoir soif et dans 2 heures ya bain de mouflets gluants de purée de courgette, donc on se magne le train merci bien.
Et là j’avoue, je reconnais, chapeau l’artiste : genre montre en main 30 minutes plus tard il avait fait venir une autre tractopelle plus adaptée au terrain, creusé une tranché transversale, trouvé la connexion et remplacé le vieux tuyau en plomb tout moisi par un tout neuf en PE (plastoc pour les intimes) et on avait même un compteur de flotte tout neuf dans le mur du jardin pour que flottoman puisse faire son relevé sans sonner. TOP ! Tout ça en prime sous les yeux du Kiwi qui se disait que vraiment ça devait être Noël pour qu’on lui amène autant de tractopelle devant sa maison à lui de lui.
Et du coup ben l’avancé en territoire ennemi de la tranchée GDF continue, toujours aussi lentement mais paraîtrait que quand même on sera dans les temps et raccordés à l’urbanité gazière avant le 13.
Une bataille de gagnée, donc, en attendant d’annoncer le score final de la guerre des tranchée.

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