18 septembre 2007

Le déluge, l’Arche de Noé et nous

J’aimais bien, moi, Noé, comme prénom. Mais bon Chouchou a abusé de son veto once again et donc on a eu un Mini qui s’appelle pas Noé finalement.
Yaurait ptêt mieux valu…
Surtout hier… alors, je vous raconte. On habite donc in the ruine depuis PILE POIL 3 semaines, bonheur intense, mini-commémoration, recueillement familial sur un des nombreux tas de gravats qui décorent le jardin, et tout le toutim. Dans la joie, donc, même et malgré. Réveil au marteau piqueur à 30cm de mon oreille du Manu qui « veut pas nous mettre le chantier à la bourre en commençant trop tard » comme si c’était les 30 minutes ou j’essaye de faire durer le matin qui allait lui rattraper ses deux mois de retard sur un chantier qui devait en durer trois, ‘fin bref. La journée commençait en fanfare. Mais dans la joie, toujours.
Expédition du Kiwi at school en passant par gigotage de main au conducteur du tchou-tchou, nickel. Journée passée à Dieu sait quoi faire paske toujours est-il que environ 20 minutes après le jetage de Kiwi c’est déjà l’heure d’aller le récupérer. Retour maison en voiture paske qu’il crachine assez férocement (normale, c’est la rentrée), arrêt « coucou tchou-tchou » qui marche aussi bien de la fenêtre de la bétaillère à moufflets et tant mieux paske le crachin est devenu une bonne vieille averse tendance évolutive approchante de l’orage tropical alors qu’on caille, donc « nan mais Kiwi le monsieur qui conduit le tchou-tchou il te voit aussi bien d’ici tu sais » et d’ailleurs le monsieur fait coucou aussi, on fire de chez boule de feu le Kiwi. Retour maison en courant fort-fort-fort autant dire le fire des mouflets risquait pas de s’arranger. Blotissement de myself sous manteau oublié par Chouchou, Kiwi et Mini on fire sur le tapis avec les trois pauvres Duplos qu’on a réussi à sauver de l’enfouissement dans les cartons, bref, le bonheur. Aurait pu manqué qu’un feu dans la cheminée (euh, et une cheminée) et pouf on était la famille Ingalls dans les meilleurs épisodes heureux.
Sauf que pas.
Sauf que l’orage tropical s’est transformé en mousson indienne puis en déluge biblique et pouf, les chutes du Niagara dans ma salle à manger qui sert de salon. Et nan, je vous arrête tout de suite les gens, je suis du Sud par adoption mais là vraiment j’exagère à peine, yavait des TORRENTS de flotte qui dégoulinaient sous la porte-fenêtre et qui s’infiltraient directos sous le parquet posé à la sueur de mon front et aux ampoules de mes mains. Panique à bord. « Faut écoper » je hurle au pauvre Kiwi qui sait même pas ce que ça veut dire. Sauf que ouais mais bon on a pas encore retrouvé ni la serpillière no le lave-pont (Mumu, si tu nous r’gardes…) ni le seau ni rien pour écoper toute cette eau… et que le Chouchou est bien au chaud dans son algéco en réu tardive. Je crie donc en essayant de me rappeler les mots qu’il connaît « apporte une serviette, Kiwi » pendant que je repousse l’eau avec mes mains, la classe. Je vous mets le dialogue en live, c’est trop surréaliste :
-Apporte une serviette, Kiwi, viiiiite !
-Où ? (Il regarde autour de lui)
-Elle est dans la cuisine, à côté de l’évier.
-Kelll ?
-L’évier, le lavabo, là où on lave les mains avant de manger.
-Kelll ? (Il tourne sur lui-même dans le salon)
-Le robinet, la grosse boîte blanche, il y a une serviette verte accrochée là à un truc en forme de fleur.
-Où ? (Il regarde autour de lui dans l’entrée)
-Dans la cuisine, près du placard où Mummy cache les bonbons en chocolat.
-Veut bonbon cocolat à moi. (Et il court vers la cuisine)
-Oui, tu pourras en avoir un APRES, Mummy te donne, si tu apportes D’ABORD la serviette verte à Mummy TOUDISITE !
-Cuila ? (Elle l’imagine qui montre avec le doigt)
-Je sais pas je vois pas mais apporte-la moi.
(Il entre dans la pièce et pose la serviette parterre à côté de la porte).
-Tiens. Veut bonbon cocolat mainnnan.
-Kiwi, donne-moi la serviette.
-Où ?
-Ici, dans ma main.
-Poukoi ?
-Paske, Kiwi, dépèche-toi.
-Poukoi « épéchoi », toi ?
-Paske l’eau entre dans le salon, il faut essuyer avant que tout soit mouillé.
-Poukoi puie coule dans salon ?
-Paske le monsieur qui travaille a pas bien travaillé (tiens, prends ça dans tes dents, Manu).
-Poukoi pas bien fait vavaille monsieur ?
-Je sais pas. TU peux me donner la serviette, là ?
-OK OK OK, tiens.
-Merci Kiwi.
Epongeage frénétique, essorage encore plus frénétique dans tout ce qui est à ma portée: vases en cristal (comme si on en avait), pots de fleurs, bus FisherPrice, seau de plage… Le déluge continue dehors et dedans, aucune chance que j’arrête ça avec le torchon de vaisselle, course au premier pour essayer de me souvenir où j’avais vu un gros carton marqué « Serviette », rapide prière à St Antoine de Padoue saint patron des objets égarés, localisation du carton, ouverture frénétique, descente en trombe, empilement de serviettes en tous genres devant la fenêtre. Elles s’imbibent à la vitesse de l’éclair et tous les pots de fleurs sont pleins, pas le moment de flancher, faut que je passe au plan B à savoir SORTIR.
Youpi, je me souviens en m’escrimant sur la porte-fenêtre que le Chouchou a pris la clé in the pocket au boulot. Je commence à déplacer la montagne de cartons empilés pour sortir par la fenêtre, sauf que le Kiwi et le Mini commencent à flipper en voyant que je m’énerve et que je leur empile des cartons sur leurs Duplos. Donc je fais bonne figure :
-Mummy va sortir dehors pour trouver une solution pour bloquer l’eau. Je reviens tout de suite, Kiwi, tu essayes d’empêcher ton frère d’aller nager sur le parquet, là, et tu lui donne sa susu si il pleure, je reviens TIDISITE, ok ?
-Poukoi ?
-Paske. Je t’espike tout à l’heure, ok ?
-Où ?
-Ici, quand je reviens. Tu joues avec ton frère et tu me fais coucou par la fenêtre, là, ok ?
-OK.
Steeple chase dehors en débardeur et en tong (oui, ya pas de S paske j’ai très vite perdu une des deux tongs qui est restée collée dans la bouillasse). J’essaye de me rappeler qui il faut prier pour les causes désespérées et pour éviter de me retrouver à l’hosto avec un clou, une vis ET une conduite de gaz plantés dans le pied sans tong.
J’avise un bout de tôle ondulée (« j’avise », c’est pas classe, ça ?), je remercie le ciel que le Manu soit si bordélique, j’empoigne, j’installe en position, j’essaye de bloquer avec des gravats pour que le vent fasse pas voler le machin dans 2 secondes, je fais un coucou au Kiwi on fire qui espike à son frère que « Mummy empêche la puie couler » genre super-héros quoi, je refais le steeple en sens inverse et retrouve miraculeusement la tong au passage alors que j’avais pas encore attaqué le St Antoine, je rentre dégoulinante dans le salon, je regarde la porte-fenêtre et VICTOIRE, ça coule quasi plus. Je recherche d’autres serviettes en haut, je recolmate et remplace les blessées. Plus de serviette pour mes cheveux, mes fringues, mes pieds congelés et miraculeusement intactes de tout tétanos, mais c’est pas grave j’ai gagné ma guerre sur la nature et les éléments, je suis le Noé de cette famille, sauveuse de la ruine, wonder-woman du Kiwi, tout va bien.
On recommence donc à jouer dans la bonne humeur (en essayant d’ignorer les appels du Chouchou qui s’inquiétait vachement de savoir si j’avais bien débranché la TV à cause que quand même ya de l’orage et pas du tout du fait que j’avais dû affronter les éléments à moitié à poil en laissant mes mouflets chéris alone dans les flaques).
Il est 18h30, il pleut encore un peu mais moins, tout va bien. Il commence à faire sombre avec tous ces nuages noirs et le soleil « qui va au dodo bientôt », donc j’allume la lumière et le four paske c’est presque l’heure de la pizza bien méritée (et on la mérite souvent en ce moment vu qu’on a que le four pour faire à manger).
Cling cling, ça clignotte, et pouf, ça s’éteint. Partout. Tout.
Comme l’électricien a installé le tableau ya pas longtemps je me rappelle où sont les plombs, je vais voir, mais nan, c’est pas ça, tout est toujours ON n’empêche ya pu de jus.
No panic no stress, ça va revenir, j’espike au Kiwi pas trop sûr du truc et au Mini qu’a déjà commencé à franchement hurler. Sauf que pas. Sauf que 2h après le Chouchou était pas encore rentré, que le jus était pas revenu, et que comme c’était lundi et que toutes les boulangeries de tous les bleds alentours étaient fermés on avait même pas de quoi faire un sandwich.
Donc porridge froid pour tout le monde. Deja chaud c’est pas top alors froid…
Miraculeusement je déniche un vieux bout de chandelle et on se mange notre petit dej du soir a la bougie, tels les premiers habitants de notre ruine…
Bain a la bougie aussi, sympa.
Le courant est revenu 3 heures et demie plus tard, juste a temps pour remettre le fire in le Kiwi qui devait aller se coucher !
Et malgré tout j’aime encore bien la ruine… Comme quoi, vraiment, Dieu existe !

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